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temps un des plus beaux morceaux d’éloquence oratoire que la littérature française ait jamais produits.

La Satyre se termine par la description de certains tableaux allégoriques placés dans l’escalier des États, et qui renferment des allusions analogues à celles des tapisseries. Puis vient un petit recueil de vers, quatrains, épigrammes et sonnets relatifs à des événements de la Ligue ou à des personnages du parti de l’Union ; un petit poëme plein de grâce, Regrets à ma commère sur le trépas de son asne, dû à la plume alerte de Gilles Durant, avocat au Parlement de Paris ; et enfin le Discours de l’Imprimeur, peut-être écrit par Passerat, mais où, tout au moins, sa collaboration paraît évidente. On y trouve des renseignements sur le lieu d’où est sortie la première édition de la Satyre, et sur les remaniements qu’elle subit ensuite.

Telle est, dans son ensemble, la Satyre Ménippée, que l’on jugerait mal si on la considérait comme une œuvre de parti. Écrite collectivement, elle est bien l’écho de la voix populaire à la fin du XVIe siècle, l’expression des sentiments et des désirs de la majorité des Français. Dès sa publication elle exerça une grande influence sur la marche des événements, et l’immense succès qu’elle eut dans toute la France prouve surabondamment que ses auteurs ne parlaient pas en leurs noms seuls, mais qu’ils étaient bien réellement les interprètes de la nation. Un contemporain, Hurault de Cheverny, chancelier de France, parle, dans ses mémoires[1], de l’apparition de la Satyre Ménippée, comme d’un événement notable en politique, en même

  1. Collection Petitot, t. XXXVI, p. 248.