Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/383

Cette page n’a pas encore été corrigée

tout ce qu’on veut ; comme la Ligue, du commencement, a servy à toutes sortes de gens, de toutes sortes d’esperances, et de moyens pour couvrir toutes sortes de passions, de haine, d’avarice, d’ambition, de vengeance, et d’ingratitude. Il y a bien un autre arbre que Baptiste Ramuse appelle Higuero, et dit qu’il le faut prononcer par quatre syllabes : mais ce n’a point esté l’intention de mon cousin d’en parler, non plus que du Lathyris, ou de l’Helioscopion, que le grammairien Nebrissense appelle aussy Higuera del Infierno, parce que les sorciers et sorcieres en usent ordinairement pour faire leurs charmes et enchantements, comme les Ligueurs se sont servis de la Religion Catholique pour charmer et enchanter le peuple. Mais cela, ce me semble, doit suffire à ceux qui veulent deviner, ou disputer sur ce mot. Quelques-uns ont rapporté à mon cousin qu’on a trouvé mauvais qu’il y ait mis les noms propres d’aucuns seditieux et principaux autheurs de tout le malheur de la France ; mais je luy ay ouy dire qu’il estoit d’un pays où l’on appelloit le pain pain, et les figues figues. Ceux qui avoient livré pour de l’argent leur propre ville au Roy Philippe de Macedoine se plaignoient bien que ses soldats, aprés la reddition, les appelloient traistres, et leur reprochoient leur trahison : Je ne sçauroy, dit le Roy, que vous y faire ; mes soldats sont grossiers et lourdauts, qui appellent les choses par leur nom. Ceux qui, aprés avoir faict revolter les villes contre le Roy et faict la guerre tant qu’ils ont peu tenir, exercé toutes sortes de tyrannies sur le pauvre peuple et ruyne tous leurs voisins, et qui, se voyants ne pouvoir plus subsister et n’y avoir plus