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lissement quelconque, et le fruit mesmes en a esté traduit à nommer la plus deshonneste partie de la femme [1] et la plus sale maladie qui naisse aux endroits qu’on ne peut nommer[2]. Vous n’ignorez pas aussy que les anciens tenoient cest arbre entre les gibets : comme quand Timon Athenien voulut eu arracher un qui luy faisoit nuisance en son jardin, auquel plusieurs s’estoient desja penduz, il fit crier au trompette que si quelqu’un s’y vouloit pendre, il se depeschast d’y venir, parce qu’il le vouloit faire arracher. Pline nous apprend que cest arbre n’a aucune odeur, non plus que la Ligue ; qu’il perd aysement son fruict, comme a faict la Ligue ; qu’il reçoit toutes sortes d’antures[3], comme la Ligue a receu toutes sortes de gens ; et qu’il ne dure gueres en vie, non plus qu’a faict la Ligue ; et que la plus grande partie du fruict qui paroist du commencement ne parvient point à maturité, non plus que celuy de la Ligue. Mais ce qui luy convient encore mieux, et qui a des conformitez avec la Ligue plus que sainct François n’en a avec Nostre Seigneur4, c’est le Figuier des Indes, que les Espagnols mesmes ont nommé Figuier d’Enfer : duquel Mathiol dit sçavoir pour le vray que qui en coupe seulement une feuille et la plante à demy dedans terre, elle y prend racine ; puis, sur cette feuille croist une autre feuille ; ainsy, feuilles croissantes

  1. ca.
  2. cus. 5. Greffes.
  3. Le livre Dez conformitez de Saint François à Jésus-Christ. Henri Estienne prend ce livre à partie dans son Ajiologie pour Hérodote, ch. XXV.