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traite de voleurs, meurtriers et assassinateurs ; ne veux-tu jamais te ressentir de ta dignité, et te souvenir qui tu as esté, au prix de ce que tu es ?[1] »

Et il recherche les causes de cet état, de ces malheurs qui accablent le pays. C’est vous, monsieur le Lieutenant, c’est votre ambition effrénée qui pesez sur le peuple, et qui avez mis la France dans cet état pitoyable. Il remonte à l’origine des événements, montre que les Guise ont suscité la Ligue dans l’intérêt de leur fortune personnelle, et pour s’élever sur les ruines du trône ; qu’ils n’ont que plus tard inventé le prétexte de la défense de la religion, pour attirer à leur Ligue les bonnes gens qui se laissent tromper par les apparences. Il fait tout l’historique de la Ligue ; suit pas à pas les Guise dans leur politique tortueuse ; proteste hautement contre les prétentions du Saint-Siège à intervenir dans les affaires de la France, et à peser du poids de ses anathèmes pour changer l’ordre de la succession au trône. Enfin, après avoir exposé en profond politique l’état de la France et montré les dangers qui l’environnent et le sort qui l’attend, il indique le remède. Il réfute avec adresse toutes les objections, prouve les droits incontestables de Henri de Navarre à la couronne de France, et finit en proposant de conclure la paix avec lui, de lui faire une soumission loyale et de l’acclamer roi.

Ce discours, d’une grande étendue, est un chef-d’œuvre de composition, d’une logique serrée, et dont toutes les parties sont heureusement équilibrées ; c’est en même

  1. Voir la Satyre, p. 168.