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contray par hazard un honneste homme, que j’avoy ouy dire autrefois estre Parisien, auquel je fy la mesme demande que j’avoy desja faïcte dix mille fois à autant de personnes inutilement. Cestuy-cy me dict avoir ouy parler d’un gentil-homme d’Eleuthere, de la famille des Misoquenes, mais ne sçavoit si c’estoit celuy que je demanday, parce qu’il y en avoit plusieurs de mesme nom en Alethie. Je le priay de me conduire au logis de celuy qu’il cognoissoit : ce qu’il fit. Et enfin, aprés beaucoup de tournées et virées par des ruelles escartées, il me monstra un petit huis bas, où j’entray sans frapper, et trouvay en une petite chambre haute, assez gaye et bien meublée, un homme de belle representation, appuyé, et lisant sur un livre, approchant au plus prés de la taille et façon que ce maistre Paul me l’avoit descrit. Je luy demanday (salut et reverence presupposez) s’il n’estoit pas le seigneur Agnoste Misoquene. — On m’appelle bien Misoquene, dit-il, mais je ne suis pas Agnoste. Celuy que demandez est mon parent proche, et sommes tous deux d’un pays et d’une ville ; mais il sera mal aysé que le puissiez trouver pour le present, car son logis est plus caché que le nid d’une tortue. Toutesfois, si voulez quelque chose de luy, je l’en pourray advertir d’ici à quelque temps. — Monsieur, luy dy-je, je croy que c’est luy qui est autheur de ce petit Discours de la tenue des Estats de Paris et du Catholicon d’Espagne[1], qu’il a intitulé Satyre Menippée. — Je luy en ay, dit-il, ouy parler ainsy. — C’est un œuvre, luy dy-je,

  1. L’édition de 1593 porte pour titre : Satyre Ménippée. De ta vertu du Catholicon d’Espagne, et de la tenue des Estatz de Paris.