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pièce la plus importante de la Satyre, est l’œuvre de Pierre Pithou.

On ne pouvait attendre du savant austère, de l’homme de bon sens et de raison surtout, un discours plein de traits d’esprit, visant à la caricature des caractères, comme l’ont fait ses collaborateurs dans les autres harangues. Le sentiment des malheurs de la France, des dangers qui menaçaient l’existence de l’État, et surtout la perception claire et assurée des besoins de la patrie, des seuls remèdes à ses maux, ne pouvaient exciter la verve caustique et railleuse, l’humeur narquoise, chez l’homme de bien qui inscrivait ces seuls mots en tête de son testament : Dilexi patriam. Aussi, avec la harangue de d’Aubray, le ton de la Satyre change entièrement. Il ne s’agit plus ici d’un lettré qui se venge par des traits d’esprit et des épigrammes d’un régime qu’il déteste : non, c’est un patriote convaincu qui laisse enfin éclater l’indignation dont son cœur est rempli, qui flagelle sans pitié les auteurs des maux du pays, qui démasque des chefs ambitieux, dévoile leurs projets, publie leurs trahisons.

Pithou montre d’abord l’état de la France, Paris presque désert, sans commerce, privé de ce qui faisait sa gloire, de ses collèges, de cette Université, rendez-vous des savants du monde entier ; il montre le cours de la justice interrompu, les salles du Palais désertes ; il évoque l’apparition de ce peuple misérable, mourant de faim, courbé sous l’impitoyable tyrannie d’une poignée de factieux, et il s’écrie : « 0 Paris ! qui n’es plus Paris, mais une spélunque de bestes farouches, une citadelle d’Espagnols, Ouallons et Néapolitains ; un asyle et seure re -