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XXIX - SUITE
SUR LE MESME SUBGECT
- Il est ung Dieu punisseur des rebelles,
- Vengeur des roys, qui leurs justes querelles
- Prend en sa main et les va soustenant :
- Tel ne l’a cru qui le croit maintenant.
- Ce Chevalier, que n’aguere on vit estre
- Tant ennemy de l’Estat de son maistre,
- Si fier, si rogue et si audacieux,
- Qui de son chef pensoit toucher aux cieux ;
- Est trebuché d’une griefve ruyne,
- Où l’a poussé la vengeance divine.
- A Sainct-Denys il est mort estendu,
- Tombé aux lacqs par luy mesme tendu.
- De son orgueil s’est faicte la vengeance
- Prés des tombeaux de ces vieux Roys de France,
- De qui les os, reposants en ce lieu,
- Semblent benir la justice de Dieu,
- Qui a voulu pour la foy violée
- Ceste victime estre au Roy immolée ;
- Et que le corps fust mangé des souris[1],
- Tant mignardé des Dames de Paris[2],
- Il est ung Dieu punisseur des rebelles,
- dans un coup de main qu’il tenta contre Saint-Denis, le 3 janvier 1591. Son corps fut apporté dans une hôtellerie qui avait pour enseigne : A l’Epée royale.
- ↑ Le corps du chevalier d’Aumale, déposé provisoirement dans une chapelle, fut trouvé, quelques jours après, rongé des rats.
- ↑ Il était très débauché et ne reculait pas devant la violence pour satisfaire ses désirs. Dans l’affaire de Saint-Denis, son corps défiguré ne fut reconnu qu’à des chiffres qu’une fille de joie lui avait tatoués sur les bras.