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En sa Decade[1], où il dit qu’en son aage
Ce Pretion fut un grand personnage.
Il a parlé d’Exivit edictum[2],
Je ne sçay pas s’il fut Grec ou Breton,
De domino, et du pays du Mayne.
En contenance et gravité romaine.
Il a parlé de Sainct Paul le convers ;
Comme il eut peur, quand il cheut à l’envers
Et si a dict qu’il estoit gentilhomme :
Aussi fut-il décapité à Rome.
Il a parlé en François renegat,
De l’Espagnol, du bonnet du Legat,
Et de sa croix, et du pape Gringore :
De Luxembourg, et Pisani encore.
Quant il parla du lieu qui fut souillé.
On se souvint comme il fut barbouillé
Dansant la volte, et une bonne piece
Dit que ce fut du K K de sa niepce[3].
Un autre adjouste, assez bon compagnon :
« Fy de la saulse[4] : il y a de l’oignon ! »
Il s’est vanté qu’un jour au consistoire
De cinq protests[5], tous terminez en oire,
Il s’escrima, et sembloit l’escoutant
Que Jesus-Christ eust esté protestant :
  1. L'introduction de l’Histoire de Tite-Live, commence par les mots : « Facturus ne operæ pretium sim. »
  2. Phrase du bréviaire : « Exivit edictum a Cæsare Augusto » On la trouve en effet dans la harangue du Cardinal.
  3. La fille de Charles Pellevé, sieur de Saussay, frère du cardinal. En dansant au Louvre elle commit l’incongruité dont il est ici question.
  4. Fy de la Saulse, c’est-à-dire : fi de mademoiselle de Saussay.
  5. «Quinque protesta, vel protestationes » dit la harangue. Protestations faites en 1585 par le Cardinal contre le Pape Grégoire XIII qui refusait de reconnaître la Ligue.