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que les uns proposoient qu’il valoit mieux entrer en republique, comme les anciens Gaulois ; les autres demandoient la democratie anarchique, les autres l’oligarchie Athenienne ; aucuns parlerent d’un Dictateur perpetuel et de Consuls annaux. Qui fut cause que pour la diversité des opinions, on n’en put rien resoudre. Toutesfois il y a quelque apparence qu’ils parlerent d’avoir un Roy : car un nommé Trepelu, vigneron de Suresnes, soustint fort et ferme que le Roy estoit le vray astre et le vray soleil qui avoit depuis si long temps regy et esclairé la France et icelle nourrie, fomentée, substantée de sa chaleur ; et que si quelquefois le soleil, survenant aprés la gelée de la nuict, faisoit geler les vignes, il ne s’ensuivoit pas qu’il fallust cracher contre luy et ne s’en servir plus, ni pour cela laisser de boire chopine, quoyque le vin fust cher.

Voilà à peu prés ce que je pus apprendre et que je puis rapporter de ce qui se passa aux Estats de Paris, desquels toutesfois on s’attend qu’il sortira des éclats espouvantables : car on dict que Roys et Papes s’en mesleront, et que le Primat de Lyon ne dort ni jour ni nuict, pour esclorre un escript qui fera poser les armes à tout le monde et contraindre tous les Mal-heutres de s’enfuir en Angleterre ou par delà. Nous