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au vent. D’autres se tenoient tout debout, la gueule bée et ouverte, et lesdits curez leur souffloient en la bouche, et les nourissoient de vent comme d’une viande celeste propre à guérir les gouteux, graveleurs et cacochimes. On voyoit, au dessoubs de ladite figure, comme une place publique representant les Haies ou la place Maubert de Paris, où au lieu de pain et viande on exposoit en vente des balons, couilles de beliers bien enflées, et grosses vessies de porceau, dont on trafiquoit au marché et se revendoient de main en main à bon compte [1]. Il y avoit aussi une autre viande en papier, dont on faisoit grand cas, et n’en avoit pas qui vouloit, que des revendeurs portoient par les rues, et les crioient : Nouvelles ! nouvelles ! comme on crie la mort aux rats et aux souris. Ladicte dame en fournissoit les contreporteurs[2], car elles luy sortoient de dessous sa cotte en abondance ; et y avoit du plaisir à veoir les diverses grimaces de ceux qui luy fouilloient soubs la queue pour en gouster. Le reste du paysage dudict tableau estoit des moulins-à-vent, tournants à vuide, et de girouettes en l’air, avec plusieurs coqs d’Eglise. Et aux quatre coings y avoit les quatre vents fendus en

  1. C’est une allusion à la famine qui régna à Paris pendant le siège.
  2. Colporteurs.