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leurs vrais intérêts, ceux de la patrie. Aussi ne connaît-on la part de collaboration de chacun d’eux que par une tradition incertaine : car il n’en est pas un qui, même au jour du triomphe, alors que leur œuvre collective avait produit tout son effet, alors qu’elle avait, d’une manière incontestable, contribué à l’anéantissement de la Ligue et au rétablissement de la royauté légitime, il n’en est pas un qui ait revendiqué sa part de collaboration, sa part du succès.

Rapin, après avoir accompli son travail de revision, donna à l’œuvre nouvelle le titre de : Satyre Ménippée[1].

L’œuvre de Le Roy, la Vertu du Catholicon, qui sert de prologue à la Satyre, met en scène deux charlatans, l’un espagnol, le cardinal de Plaisance, et l’autre lorrain, le cardinal de Pelevé. Tous deux débitent une certaine drogue, nommée Catholicon, dont les vertus mirifiques sont exposées en cinquante articles sur une belle pancarte. Sous ce nom de Catholicon l’auteur désigne le prétexte religieux qui servit, aux créateurs de la Ligue, d’écran pour cacher leurs desseins ambitieux et parvenir à leurs fins, en paraissant n’agir que dans l’intérêt de la religion catholique. C’est le Catholicon simple. Le Catholicon composé est la drogue primitive à laquelle on a ajouté quelque peu d’influence espagnole : c’est-à-dire qu’il représente l’ingérence intéressée du roi d’Espagne dans les affaires de la France, ingérence appuyée par

  1. Mélanges d’histoire et de littérature, par de Vigneul-Marville (dom d’Argonne, chartreux), seconde édition, t. I, p. 200 et suiv.