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haute comme j’avoy faict au matin, l’huissier me refusa parce qu’il vit que je n’estois marqué à L [1] et n’avoy point de mereau[2] comme j’en vy plusieurs qui entrerent beaucoup plus mal en poinct et plus deschirez que moy, dont je receu un peu de déplaisir. Car, entre autres j’y vy recevoir des bouchers, plus de trois ; des taverniers, potiers d’estain, sergents et escorcheurs que je connoissoy, qui devoient avoir voix en l’election. Toutesfois ma curiosité me fit passer mon desdaing, et pour sçavoir si les Princes et Princesses sans queue[3] entreroient en la mesme cerémonie qu’au matin, je voulus attendre leur venue ; et en attendant, me my à regarder des tableaux de plate painture[4] qui estoient estallez sur les degrez de l’escalier. Je ne sçay s’ils y avoient esté mis exprés pour parer le lieu, ou pour les vendre ; mais je puy dire que je pry un merveilleux plaisir à les contempler l’un aprés l’autre, car la main de l’ouvrier en estoit excellente, et la besongne fort nette et naifve,

  1. Marqué au chiffre de la Ligue.
  2. Jeton de passe.
  3. Variante : " Aveq leurs queues. »
  4. Cette expression ne désigne pas de mauvaise peinture. Autrefois toutes les sculptures étaient peintes, et il y avait des tableaux ou peintures en bas-relief ; pour désigner un tableau ou peinturé sur une surface unie, on disait : c’est une plate peinture, sans préjuger aucunement son mérite