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Mais puisqu’il a pleu à Dieu luy former le naturel ainsy doux, gracieux et bening, espérons encore mieux de luy quand il nous verra prosternez à ses pieds, luy offrir nos vies et nos biens et luy demander pardon de nos fautes passées, veu que, nous prenants armez pour luy resister et pour l’assaillir, il nous reçoit à mercy et nous laisse la vie et tout ce que luy demandons.

Allons, allons donq, mes amis, tous d’une voix luy demander la paix ! Il n’y a paix si inique qui ne vaille mieux qu’une tres-juste guerre. 0 quam speciosi pedes nuntiantium pacem, nuntiantium bona et salutem ! dit Isaye[1] : 0 que ceux ont les pieds beaux, qui portent la paix et annoncent le salut et sauvetè du peuple ! Que tardons-nous à chasser ces fascheux hostes, maupiteux bourgeois, insolents animaux qui devorent notre substance et nos biens, comme sauterelles ? Ne sommes-nous point las de fournir à la luxure et aux voluptez de ces harpies ? Allons, Monsieur le Légat, retournez à Rome et emmenez avec vous vostre porteur de rogatons, le Cardinal de Pelvé : nous avons plus de besoin de pains benists que de grains benists. Allons, Messieurs les agents et Ambassadeurs d’Espagne, nous sommes las de vous

  1. isaïe, c. LII, v. 7.