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autres lettrés qui fréquentaient le cénacle de Gillot, y aurait-il des auteurs anonymes de la satyre ? C’est fort possible. La harangue du Lieutenant, mais surtout celle du sieur de Rieux, présentent une homogénéité de composition, une conception complète et entière du caractère du personnage, qui ne laissent pas place à l’hypothèse d’une collaboration.

Nicolas Rapin, outre les deux harangues dont il es l’auteur, composa une grande partie des vers qui, selon le goût du temps viennent couper parfois la suite des discours. On reconnaît là son système de vengeance de lettré, la revanche de l’esprit contre la force brutale. Passerat fit aussi plusieurs pièces de vers pour la satyre ; et, comme on l’a vu, il peut revendiquer au moins l’inspiration de certains passages du texte en prose imité de Rabelais, et très probablement la composition du Discours de l’Imprimeur sur l’explication du mot de Higuiero d’Infierno.

D’après la tradition, c’est Rapin qui réunit les harangues et les rattacha entre elles par un lien commun. Il est très probable qu’il ne fit pas ce travail suivant son initiative personnelle, et que l’encadrement des harangues et le dernier coup de polissage pour les mener à perfection sont le résultat des observations, des remarques, des corrections que le petit cénacle littéraire de Gillot dans ses causeries, à la suite des lectures des diverses parties de la satyre, fut amené à proposer. Les auteurs ont voulu faire une œuvre impersonnelle, un plaidoyer pour la France ; ils ne voyaient que le but à atteindre : convaincre leurs concitoyens et leur ouvrir les yeux sur