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excommuniant un yvrongne, luy deffendre le vin, et aux paillards leur oster leurs femmes, et aux ladres leur deffendre de se galer. Sainct-Paul aux Corinthiens[1] deffend de boire et manger avec les fornicateurs, mesdisants, yvrongnes, larrons ; mais il ne dict pas qu’il leur faille oster leurs biens, pour leur faire peur et les faire retirer de leurs vices. Je demanderoy volontiers, quand on auroit osté le Royaume et la Couronne à ung Roy, pour estre excommunié ou héretique, encore faudroit-il en eslire et en mettre ung autre en sa place, car il ne seroit pas raisonable que le peuple demourast sans Roy, comme vous autres messieurs y voulez dignement pourvoir. Mais, s’il advenoit, peu après, que ce Roy, excommunié et destitué de ses Estats, revinst à resipiscence, se convertist à la vraye foy et obtinst son absolution du mesme Pape, ou d’ung autre subsequent comme ils sont assez coustumiers de revoquer et deffaire ce que leur predecesseur a faict, comment est-ce que ce pauvre Roy depouillé rentreroit en son Royaume ? Ceux qui en seroient saisis, et trienaux possesseurs à juste tiltre, s’en voudroient-ils demettre, et luy quitter les places fortes, et les tresors, et les armées ? Ce sont contes de vieilles : il

  1. Ep. I, cap. V, vers. 11.