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les plus tarés qui tenaient le haut du pavé, occupaient les charges et dignités, emprisonnaient ou exécutaient à mort les honnêtes gens, les bons Français ? Et les apologies du régicide dans les chaires sacrées, les défaites des troupes de l’Union hypocritement transformées en victoires, les rodomontades du duc de Mayenne, l’ingérence des Espagnols dans les affaires de la France, enfin l’horrible famine, tous les maux du siège de Paris dont l’ambition des chefs de la Ligue était la cause première, n’avaient-ils pas été témoins de tout cela ? Quel beau sujet de satyre que celui où le récit des faits pur et simple semblait déjà une exagération satyrique, une invention de pamphlétaire ! Et puis n’était-ce pas venger la France que de déverser sur tous ces hommes, cause de tant de maux, le ridicule, le mépris et l’opprobre ?

Le plan de l’ouvrage fut promptement arrêté entre les amis, qui s’en distribuèrent les diverses parties, soit que l’idée leur en fût personnelle, soit qu’elles leur fussent attribuées selon leur caractère et leur genre d’esprit. On était alors en 1593 ; les États Généraux de la Ligue étaient assemblés, et cet événement important fournit le cadre et le titre de la satyre, en tête de laquelle les auteurs inscrivirent ces seuls mots : L’Abrégé des Estats de la Ligue, convoquez à Paris au dixiesme de février.

Les rôles étaient ainsi distribués : Gillot composa la harangue du Légat ; Rapin, celles de l’archevêque de Lyon et du docteur Rose ; Florent Chrestien, celle du cardinal Pelevé ; et Pithou la harangue de d’Aubray. Quant aux harangues de monsieur le Lieutenant et du sieur de Rieux, les auteurs n’en sont point connus. Parmi les