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Enfin, nous voulons ung Roy pour avoir la paix ; mais nous ne voulons pas faire comme les grenouilles, qui, s’ennuyants de leur Roy paisible, es-leurent la cigogne qui les devora toutes. Nous demandons ung Roy et chef naturel, non artificiel ; ung Roy desja faict, et non à faire ; et n’en voulons point prendre le conseil des Espagnols, nos ennemis inveterez, qui veulent estre nos tuteurs par force, et nous apprendre à croire en Dieu et en la foy Chrestienne, en laquelle ils ne sont baptisez, et ne la connoissent que depuis trois jours. Nous ne voulons pour conseillers et medecins ceux de Lorraine, qui de long-temps béent aprés nostre mort ; le Roy que nous demandons est desja faict par la nature, né au vray parterre des fleurs de lis de France, jetton droit et verdoyant du tige de Sainct Loys. Ceux qui parlent d’en faire un autre se trompent, et ne sçauroient en venir à bout. On peut faire des sceptres et des couronnes, mais non pas des Roys pour les porter ; on peut faire une maison, mais non pas un arbre ou un rameau verd : il faut que la nature le produise, par espace de temps, du suc et de la moelle de la terre qui entretient la tige en sa seve et vigueur. On peut faire une jambe de bois, ung bras de fer et ung nez d’argent, mais non pas une teste. Aussy pouvons-nous faire des Mareschaux à la douzaine,