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tailles du peuple, s’accommodent du plus net et plus clair denier, et du reste taillent et cousent à leur volonté, pour en distribuer seulement à ceux de qui ils esperent recevoir une pareille, et inventent mille termes elegants pour remonstrer la necessité des affaires et pour refuser de faire courtoisie à un homme d’honneur. Nous n’aurons plus tant de gouverneurs qui font les Roitelets, et se vantent d’estre assez riches quand ils ont une toise de riviere à leur commandement. Nous serons exempts de leurs tyrannies et exactions, et ne serons plus subjets aux gardes et sentinelles[1], où nous perdons la moitié de nostre temps, consommons nostre meilleur aage, et acquerons des catarres et maladies qui ruinent nostre santé. Nous aurons un Roy qui donnera ordre à tout, et retiendra tous ces tyranneaux en crainte et en devoir, qui chastiera les violents, punira les refractaires, exterminera les voleurs et pillards, retranchera les aisles aux ambitieux, fera rendre gorge à ces esponges et larrons des deniers publics, fera contenir un chacun aux limites de sa charge, et conservera tout le monde en repos et tranquillité.

  1. Les bourgeois de Paris, comme ceux des autres villes, fournissaient les hommes pour la garde des portes et des remparts. Pendant la Ligue, chacun des seize quartiers de Paris, devait mettre chaque jour douze cents hommes en armes.