Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III. — LA SATYRE MÉNIPPÉE.


Dès l’année 1593, Pierre Le Roy avait composé et publié une petite plaquette satyrique, intitulée : La vertu du Catholicon d’Espagne, qui se distribuait sous le manteau, et dont de nombreuses copies circulaient clandestinement à Paris et même en province. C’est la petite pièce qui a toujours été conservée en tête de la Satyre Ménippée, à laquelle elle sert de prologue. Il est probable qu’elle fut plus tard retouchée, lors de l’arrangement définitif de la satyre.

Grande fut la vogue de ce petit pamphlet, mordant et spirituel dans sa concision ; et il dut être lu et relu souvent par les amis de Jacques Gillot, dans cette maison du quai des Orfèvres où l’on conspirait littérairement contre la Ligue. Rapin, qui trouvait à se plaindre en vers une si grande consolation à ses chagrins, eut sans doute une grande joie en devinant le parti que l’on pourrait tirer de l’idée de son ami à l’encontre des ligueurs, de leurs fauteurs et adhérents. Il allait donc pouvoir enfin venger, non pas lui, mais la raison, la justice méconnues, la France abaissée ! Ne venaient-ils pas tous d’assister aux excès des Seize, aux violences des prédicateurs ligueurs, aux montres ou revues des forces de la Ligue coiffant du casque et armant de l’arquebuse les moines de tous ordres ? N’avaient-ils pas vu s’accomplir les pillages, les exactions, les violences contre les personnes ? N’était-ce pas les gens de rien, les hommes