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pleine de diverses drogues de diverses qualitez : l’une qui tue tost, l’autre qui tue tard, l’autre plus prompte en esté, l’autre qui faict mieux son operation en hyver, pour s’en servir à nostre endroit selon les occasions et occurences, ayant charge de nous en donner d’une s’il nous trouve disposez en telle humeur, et d’une autre s’il nous trouve autrement.

Devant que nous eussions faict entendre que voulions entretenir la loi Salique[1], loy qui depuis huict cens ans a maintenu le Royaume de France en sa force et virilité, on nous parloit des rares vertus de ceste divine Infante, pour la faire eslire heritiere de la Couronne[2]. Quand ils ont veu qu’on vouloit garder l’ancienne coustume des masles, on nous a offert de la donner à un Prince qu’eslirions Roy ; et la dessuz les brigues estoient pour l’archiduc Arnest, à qui elle est destinée femme[3]. Puis, quand

  1. arrêt du Parlement, en date du 28 juin 1595, reconnaissait que la loi Salique régissait toujours en France l’ordre de la succession au trône, et déclarait qu’un prince français pouvait seul régner.
  2. Less Espagnols avaient fait des ouvertures tendant à faire reconnaître l’Infante Isabelle reine de France, par droit de succession, à défaut de descendants mâles de Henri II.
  3. nom de l’archiduc Ernest est écrit Arnest, suivant une prononciation vicieuse propre aux Parisiens. Les Espagnols en faisant leur Infante reine de France, voulaient la marier à cet