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sortirez jamais que miserable et perdu. Vous avez faict comme le cheval qui, pour se deffendre du cerf, lequel il sentoit plus viste et plus vigoureux que luy, appela l’homme à son secours[1] ; mais l’homme luy mit un mords en la bouche, le sella et equipa, puis monta dessus avec bons esperons, et le mena à la chasse du cerf, et partout ailleurs où bon luy sembla, sans vouloir descendre de dessus, ni luy oster la bride et la selle ; et, par ce moyen, le rendit souple à la houssine et à l’esperon, pour s’en servir à toute besongne, à la charge et à la charrue, comme le Roy d’Espagne faict de vous. Et ne doutez pas, si par vostre moyen il s’estoit faict maistre du royaume, qu’il ne se deffist bientost de vous par poison, par calomnies, ou autrement : car c’est la façon dont il use, et dont il dict communement qu’il faut recompenser ceux qui trahissent leur Prince et leur pays. Tesmoins ceux qui luy livrerent meschamment le royaume de Portugal, lesquels luy venants demander la recompense qu’il leur avoit promise devant qu’il en fust en possession, il les renvoya à son Conseil, qu’il appelle de la Conscience, où il leur fut respondu que, s’ils avoient remis le Portugal

  1. Le duc de Mayenne était lent et pesant, tandis qu’Henri IV était prompt et actif.