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tout l’edifice. Je vous parle franchement do ceste façon, sans crainte de billet ni de proscription[1] ; et ne m’espouvante pas des rodomontades Espagnoles, ni des tristes grimaces des Seize, qui ne sont que coquins que je ne daignay jamais saluer, pour le peu de compte que je fais d’eux[2]. Je suis amy de ma patrie, comme bon bourgeois et citoyen de Paris ; je suis jaloux de la conservation de ma religion, et suis en ce que je puis serviteur de vous et de votre maison.

Enfin chascun est laz de la guerre, en laquelle nous voyons bien qu’il n’est plus question de nostre religion, mais de nostre servitude, et auquel d’entre vous les carcasses de nos os demourreront. Ne pensez pas trouver à l’avenir tant de gens, comme avez faict, qui vueillent se perdre de gayeté de cœur, et espouser un desespoir pour le reste de leur vie et pour leur posterité. Nous voyons bien que vous-mesmes estes aux filets du Roy d’Espagne, et n’en

  1. D’Aubray fut expulsé de Paris à titre de politique ou royaliste, au commencement de l’année 1504. Mayenne lui avait écrit un billet où se trouvait celte phrase : « Vous conjurant que vous veuilliez vous accommoder à la prière que je vous fais pour quelque temps d’aller prendre du repos chez vous. » D’Aubray se retira dans sa terre de Brières-le-Château.
  2. En 1592, dans une conférence entre les Seize et les Politiques, dont d’Aubray était considéré comme le chef, il traita les Seize de gens sans aveu et diffamés.