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que vous voulussiez entendre à la paix avec vos voisins, avec vostre Roy ? Car, quand ne le voudriez reconnoistre pour tel, encore ne sçauriez-vous nier qu’il ne soit prince du sang de France et Roy de Navarre, qui a tousjours tenu plus grand rang que vous, et tousjours marché par dessus vous et tous vos aisnez. Au contraire, nous voulons croire que le Sainct-Pere, imitant l’exemple de ses predecesseurs, vous inviteroit à ce bon œuvre, s’il vous y voyoit enclin, pour esteindre le feu de la guerre civile qui consomme un si bon fleuron de la Chrestienté, et ruine la plus forte colonne qui appuye l’Eglise Chrestienne et l’authorité du Sainct Siege. Et ne s’arrestera point sur ce mot d’Heretiques, car le pape Jean deuziesme alla bien luy-mesmes trouver l’Empereur de Constantinople pour le prier de faire la paix avec les Ariens, Heretiques pires que ceux-cy, et remettre toute la querelle en la main de Dieu, qui ferait ce que les hommes ne pouvoient faire. Je croy, pour mon regard, Monsieur le Lieutenant, que, quand vous prendrez ce chemin sans fard et sans dissimulation, il ne peut estre que très seur et utile au generai de la France, et à vous, en vostre particulier, tréès honorable et à vostre grande descharge et contentement d’esprit : aussy que ce moyen est seul et unique et ne vous reste aucun autre pour arrester la cheute eminente de