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maison de Vendosme, homme versé en toutes bonnes lettres et en la poésie, à quoy la Royne se plaisoit[1] ». De Thou, qui le connut, rend hommage à la noblesse de son caractère, à son indépendance et à sa sincérité.

Il devait facilement sympathiser avec Pierre Le Roy, un autre des amis de Gillot, dont le même de Thou a dit que c’était un honnête homme ennemi de toute faction. On sait peu de chose de lui, sinon qu’il était chanoine de l’église de Rouen, et aumônier du cardinal Charles III de Bourbon, dont il dut se séparer lorsque ce jeune prélat s’imagina, pendant la Ligue, d’entrer dans la politique et de créer le tiers parti.

Si Le Roy n’a pas la valeur de ses amis, de ces littérateurs et savants qui devinrent ses collaborateurs, il eut le mérite de leur fournir l’idée première de la Satyre Ménippée. Tous ces hommes, animés des mêmes sentiments, groupés pendant la tourmente, las de voir les factions à l’œuvre, d’assister aux crimes d’ambitieux soudoyés par un souverain étranger ; effrayés de voir la France en proie à toutes les convoitises ; ces hommes de bien eurent une révolte de la conscience, et poussèrent le cri de la raison outragée, l’appel au bon sens et au patriotisme. Les souvenirs littéraires leur donnèrent la forme de la satyre, mais leur raison, leur amour de la justice, apportèrent au pamphlet l’autorité du vrai qui s’impose.

  1. Chronologie novennaire de Palma Cayet, Collection Petitot, t. XXXIX, p. 248.