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deray volontiers, Monsieur le Lieutenant, à quelle fin vous avez assemblé ces gens de bien icy. Sont-ce icy ces Estats Generaux, où vous nous promettiez donner si bon ordre à nos affaires et nous faire tous heureux ? Je ne m’esbahy pas si avez tant reculé à vous y trouver, et tant dilayé[1] et tant faict troter de pauvres hères de deputez aprés vous, car vous vous doubtiez bien qu’il s’y trouveroit quelque estourdy qui vous diroit vos veritez et qui vous grateroit où il ne vous demange pas ! Vous voulez tousjours filer vostre Lieutenance, et continuer ceste puissance souveraine qu’avez usurpée, pour continuer la guerre, sans laquelle vous ne seriez pas si bien traité, ni si bien suivy et obéy que vous estes. Mais nous y voulons mettre fin, et, en ce faisant, mettre fin à nos miseres.

On ne vous avoit conféré ceste belle et bien controuvée qualité de Lieutenant de l’Estat qui sent plus, à la verité, le style d’un clerc de Palais ou d’un pedant que la gravité de la charge, sinon ad tempus, et jusques à ce qu’autrement, par les Estats Generaux, y eut esté pourveu. Tellement qu’il est temps qu’en soyez demis et depossedé et qu’avisions à pren-

  1. La première décision relative à la convocation des États-Généraux est du mois de décembre 1589. Le duc de Mayenne n’était pas pressé de les réunir, le but de l’assemblée étant de