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seule cause de tous nos maux. Mais la Religion Catholique et Romaine est le breuvage qui nous infatue et endort, comme une opiate bien sucrée, et qui sert de medicament narcotique pour stupefier nos membres, lesquels, pendant que nous dormons, nous ne sentons pas qu’on nous coupe piece à piece, l’un aprés l’autre, et ne restera que le tronc, qui bientost perdra tout le sang, et la chaleur et l’ame, par trop grande evacuation.

En la mesme histoire trouvez-vous pas aussy comme le type de nos beaux Estats icy assemblez ? Ceux qu’on tint à Troyes sont-ils pas tous pareils, auxquels on exhereda le vray et legitime heritier de la Couronne, comme excommunié et réagravé ? Dieu sçait quelles gens il y avoit à ces Estats[1] ! Ne doutez

  1. Le traité de Troyes, conclu le 20 mai 1420, proclamait le roi d’Angleterre héritier de la couronne de Franco au détriment du Dauphin. Les commentateurs de la Satyre. Ménippée ont tous dit qu’il n’y avait pas eu d’Etats-Genéraux à Troyes à cette occasion. Il était cependant difficile d’admettre que le savant troyen, P. Pithou, eût ignoré à ce point l’histoire de sa ville. Il y eut en effet à Troyes, en avril 1420, une réunion chargée de préparer le traité, et qui avait tous les caractères d’une Assemblée d’Etats. Voici ce qu’en dit un historien champenois : « Ce traité aurait été débattu non-seulement par les parties intéressées, mais encore dans une assemblée, qui a tous les caractères de celles des États-Généraux, sauf le nombre ; car cette assemblée, tenue à Troyes, se composait de barons, de nobles, de prélats, de conseillers, procureurs et ambassa-