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nostre miserable siecle naifvement representé : il y verra nos predicateurs boutefeux, qui ne laissoient pas de s’en mesler, comme ils font maintenant, encore qu’il ne fust nullement question de religion ; ils preschoient contre leur Roy, ils le faisoient excommunier, comme ils font maintenant ; ils faisoient des propositions à la Sorbonne contre les bons citoyens, comme ils font maintenant et pour de l’argent comme maintenant. On y veoit des massacres, des tueries de gens innocents et des fureurs populaires, comme les nostres : nostre mignon, le feu Duc de Guyse, y est representé en la personne du Duc de Bourgongne, et nostre bon protecteur, le Roy d’Espagne, en celle du Roy d’Angleterre. Vous y voyez nostre credulité et simplicité, suivies de ruines et desolations, et de saccagements et bruslements de villes et de fauxbourgs, tels qu’avons veu et voyons tous les jours sur nous et sur nos voisins. Le bien public estoit le charme et ensorcellement qui bouchoit l’oreille à nos predecesseurs ; mais l’ambition et la vengeauce de ces deux grandes Maisons en estoit la vraye et primitive cause, comme la fin le descouvrit : aussi vous ay-je deduit que premierement la jalousie et envie de ces deux Maisons de Bourbon et de Lorraine, puis la seule ambition et convoitise de ceux de Guyse, ont esté et sont la