Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

les rues et dans les hospitaux, sans misericorde et sans secours : Nous verrions encore nostre Université florissante et frequentée, au lieu qu’elle est du tout solitaire, ne servant plus qu’aux paysans et aux vaches des villages voisins ; nous verrions nostre Palais remply de gens d’honneur de toutes qualitez, et la Sale et la Galerie des Merciers pleines du peuple à toutes heures, au lieu que ny voyons plus que gens de loisir se pourmener au large, et l’herbe verte qui croist là où les hommes avoient à peine espace de se remuer. Les boutiques de nos rues seroient garnies d’artisans, au lieu qu’elles sont vuides et fermées ; la presse des charettes et des coches seroit sur nos ponts, au lieu qu’en huict jours on n’en veoit passer une seule, que celle du Legat ; nos ports de Greve et d’Escole seroient couverts de batteaux pleins de bleds, de vins, de foin et de bois ; nos haies et nos marchez seroient foulez de presse de marchands et de vivres, au lieu que tout est vuide et vague, et n’avons plus rien qu’à la mercy des soldats de Sainct-Denys, fort de Gournay[1], Chevreuse et Corbeil.

  1. Addition postérieure : « qu’on appelle maintenant bride-badaut ». Le fort de Gournay avait été élevé par Henri IV, dans l’île du même nom sur la Marne, en 1592. Odet de La Noue en était gouverneur.