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plaine de France par la prise de Sainct-Denys. Cela faict, il n’y avoit plus de difficulté que ne fussions assiegez, comme nous le fusmes incontinant aprés. "Que fistes-vous pour nous secourir ? mais plustost que ne fistes-vous point pour nous perdre et rendre miserables ? Je ne veux pas dire ce qu’aucuns ont raporté de vous, que disiez communement que la prise de ceste ville seroit plus prejudiciable à vostre ennemy que proffitable, et que son armée se perdroit et dissiperoit en la prenant. Je ne sçauroy croire que eussiez pris plaisir de veoir tomber vostre femme, vos enfants, vostre frere et vostre sœur à la mercy de vos ennemis. Mais si faut-il dire que le temps que vous mistes à nous venir secourir fut si long qu’il cuida nous mettre plusieurs fois au desespoir ; et croy que si le Roy vous eust demandé un terme pour nous prendre, il n’en eust pas demandé davantage que luy en donnastes.

0 que nous eussions esté heureux, si nous eussions esté pris dés le lendemain que fusmes assiegez ! 0 que nous serions maintenant riches, si nous eussions faict ceste perte ! Mais nous avons bruslé à petit feu, nous avons languy, et si ne sommes pas guaris. Déslors le soldat victorieux eust pillé nos meubles, mais nous avions de l’argent pour les racheter ; et depuis nous avons mangé nos meubles