Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/279

Cette page n’a pas encore été corrigée

aller au devant, lorsqu’il assiegeoit Dreux, où il vous fit un tour de vieil guerrier, pour avoir moyen de vous combattre ; car il leva son siege et fit semblant de reculer dedans le Perche pour vous attirer plus avant et vous faire passer les rivieres à le suivre. Mais, sitost qu’il vous vit passé et engagé à la plaine, il tourna visage droit à vous, et vous donna la bataille que perdistes, plus par faute de courage et de conduite que par faute d’hommes, le nombre des vostres passant de beaucoup les siens[1]. Encore en ceste grande affliction, ne pustes-vous vous tenir de nous donner une bourde, comme vous estes coustumier, vous et vostre sœur, de nous paistre de mensonges et fausses nouvelles ; et nous voulustes faire croire, pour nous consoler en ceste perte, que le Biarnois estoit mort[2], duquel vous n’aviez osé attendre la veue ni la rencontre. Mais nous vismes ce mort bientost prés de nos portes ; et vous-mesmes eustes si grand peur de son ombre que ne pristes loisir de vous reposer que ne fussiez passé en Flandres, où vous fistes ce beau marché avec le Duc de

  1. taille d’Ivry, 14 ' mars 1590.
  2. duc de Mayenne, en fuite après sa défaite d’Ivry, voulant se faire ouvrir les portes de Mantes, criait : Mes amis, sauvez-moi et mes gens ! Tout est perdu, mais le Biarnois est mort.