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fallit in familia Borboniorum. Tant y a que vous aviez la force et la faveur du temps en main, de laquelle ne sceustes pas vous servir, ains par une pusillanimité et couardise trop lourde et grossiere, vous voulustes garder quelque modestie et forme de loy civile, donnant le tiltre de Roy à un pauvre Presbtre prisonnier, combien qu’en toutes autres choses vous violiez impudemment toutes les loix du Royaume et tout le droit divin des gens, naturel et civil. Vous oubliastes toutes les maximes des grands maistres en matiere d’entreprise sur les estats d’autruy, mesmement celle de Jules Cesar, qui disoit souvent pour excuse ces vers d’un poete greq 1 :

S’il faut estre meschant, soy-le pour estre Roy ; Mais au reste, soy juste, et vy selon la Loy.

Vous eustes peur de prendre le tiltre de Roy, et ne craigniez pas d’en usurper la puissance, laquelle vous desguisastes d’une qualité toute nouvelle, dont on n’avoit jamais ouy parler en France ; et je ne sçay qui en fut l’autheur, encore qu’on l’attribue au President Brisson2 ou Jeannin : mais quiconque inventa cest expedient faillit aux termes de grammaire et

1. Euripide, dans sa tragédie des Phéniciennes. 2. Le président Barnabé Brisson, qui se vantait d’être le seul inventeur de ce titre nouveau.