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parvenu que ne ferez pas à present que vous briguez de l’estre. Le Cardinal de Bourbon, à qui inconsiderement vous deferastes le tiltre de Roy, estoit prisonnier[1] ; vostre nepveu, en qui se conferoient toutes les recommandations de son pere, l’estoit aussy ; et l’un et l’autre ne vous y pouvoit nuire, comme vostre nepveu faict à present[2]. Vous aviez encore les peuples animez, ardens et courans à la nouveauté, qui avoient une grande opinion de vostre vaillance, dont vous estes fort descheu depuis, et ne fay doute que ne l’eussiez emporté, en haine du legitime successeur qui notoirement estoit Huguenot. Et puis, vous aviez les Prescheurs, qui eussent deduict mille raisons pour persuader le peuple que la Couronne vous appartenoit mieux qu’à luy. L’occasion en estoit belle sur le changement d’une lignée en l’autre ; et combien que ce soit une mesme famille, et d’une mesme tige, neantmoins la distance de plus de dix degrez, où les Docteurs disent cesser tout lien et droit de consanguinité, donnoit beau lustre, encore que le docteur Balde a escrit que ceste regle

  1. mourut en prison à Fontenay en Poitou, le 9 mai 1590.
  2. jeune duc de Guise, retenu à Amboise après l’assassinat de son père à Blois, s’en échappa, et devint, pour les ligueurs, un prétendant à la couronne.