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au lieu qu’en deviez faire de funebres ; vous pristes l’escharpe verde, en signe de resjouissance, au lieu que deviez redoubler la vostre noire, en signe de deuil[1]. Vous deviez imiter David, qui fit recueillir les oz de Saül et les fit honorablement ensepulturer, combien que par sa mort il demeuroit Roy paisible et perdoit en luy son plus grand ennemy ; ou faire comme Alexandre le Grand, qui fit de si superbes obseques à Darius ; où Jules Cesar, qui pleura à chaudes larmes, sçachant la mort de Pompée, son compétiteur et capital adversaire, et fit mourir ceux qui l’avoient tué. Mais vous, au contraire de ces grands personnages, vous riez, et faictes festins, feux de joye et toutes sortes de resjouissance, quand vous sçavez là cruelle mort de celuy de qui vous teniez tout ce que vous et vos predecesseurs aviez de bien, d’honneur et d’authorité ! Et, non content de ces communes allegresses, qui tesmoignoient assez combien vous approuviez ce malheureux acte, vous fistes faire l’effigie du meurtrier pour la monstrer en public[2], comme d’un sainct canonisé, et allumer des feux de joie dans Paris ; et le soir, le peuple mangea et dansa dans les rues.

  1. puis la mort du duc et du cardinal de Guise. Mayenne et ses partisans portaient l’écharpe noire ; il la quittèrent à la mort de Henri III, et prirent la verte en signe de joie.
  2. rtains ligueurs proposèrent d’ériger une statue à