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qu’il fust eslevé en armes contre son pere, son Roy et son pays, neantmoins furent punis de mort par le commandement de David, à qui il faisoit la guerre. Si vous avez leu les conflicts qui furent faicts entre Galba, Otho et Vitellius, pour l’empire de Rome, vous aurez trouvé que Vitellius fit mourir plus de six vingts hommes[1] qui se vantoient d’avoir tué Galba, son predecesseur, et avoient presenté requeste pour en avoir recompense ; non, comme dit l’autheur qui sert aujourd’huy d’Evangeliste à plusieurs[2], pour amitié qu’il portast à Galba, ni honneur qu’il luy voulust faire, mais pour enseigner tous les Princes d’asseurer leur vie et leur estat present, et faire connoistre à ceux qui entreprendroient d’attenter à leurs personnes que l’autre Prince, leur successeur, bien qu’ennemy, en quelque façon que ce soit vengera leur mort.

C’est pourquoy, Monsieur le Lieutenant, vous eustes grand tort de faire demonstration de tant d’allegresse, ayant sceu la nouvelle du cruel accident de celuy par la mort duquel vous entriez au chemin de la Royauté. Vous listes des feux de joye[3],

  1. ’Six vingt pour six (ois vingt, c’est-à-dire cent vingt.
  2. historien latin, Tacite. Le fou duc Henri de Guise lisait beaucoup cet auteur, tandis qu’Henri III étudiait Machiavel.
  3. En apprenant la mort de Henri III, le duc de Mayenne fit