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de se rebeller et opiniastrer à bon escient ; et, à leur exemple, vous nous en fistes faire autant, Puis, quasy tout à un coup, ce feu embrasa toutes les bonnes villes de ce Royaume, et y en a peu qui se puissent vanter d’en avoir esté exemptes, tant vous aviez sceu dextrement pratiquer hommes de toutes parts. Là dessuz, pour nous rendre irreconciliables avec nostre Maistre, vous nous luy fistes faire son procez [1], vous nous fistes pendre et brusler son effigie, vous deffendistes de parler de luy sinon en qualité de tyran ; vous le fistes excommunier, vous le fistes execrer, detester et maudire par les Curez, par les Prescheurs, par les enfants en leurs prieres[2]. Et se peut-il dire ou alleguer rien de si horrible et espouvantable que ce que vous fistes faire à Bussy-le-Clerc, petit procureur, accoustumé d’estre prosterné à genoux devant la Cour de Parlement, laquelle il eut le

  1. rès l’assassinat du duc et du cardinal de Guise, le Parlement de Paris instruisit le procès du roi Henri III. Les pièces en furent recherchées et détruites depuis par Henri IV, et le chancelier chargea de cette recherche Pierre Pithou, l’auteur de la harangue de d’Aubray.
  2. rès la mort des Guise, les images et armoiries du roi furent brisées ou mutilées ; on ne le désignait que sous le nom de tyran ; la Sorbonne rendit, le 7 janvier 1589, un décret qui le déclarait déchu, et relevait ses sujets de leur serment de fidélité ; enfin le légat Morosini le proclamait excommunié ipso facto, et le Pape, Sixte V, prononçait l’excommunication.