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nouvelle que les huguenots introduisaient en France : le but de la plupart d’entre eux était politique, et ils ne songeaient à détruire l’ordre existant que pour le remplacer à leur profit. Pithou, qui a dû bien les connaître, donne la preuve que l’intérêt personnel dirigeait les principaux d’entre eux plus que l’idée religieuse. Dans la harangue de d’Aubray, il fait exposer par celui-ci les diverses tentatives de Charles IX pour ramener la paix dans le royaume. Après avoir essayé de la rigueur, après avoir fait la guerre aux huguenots, il se contenta de leur interdire sa cour, de les priver des honneurs, charges et bénéfices. « Si bien », dit d’Aubray, « qu’il faut advouer que leurs forces s’estoient plus alenties par cinq ou six ans de paix que par dix ans de guerre ouverte. Et ne se faisoit plus de nouveaux Huguenots, les vieux se refroidissants et s’ennuyants de la longueur, et la plus-part d’eux permettants que leurs enfants se fissent catholiques pour participer aux honneurs et aux bénéfices comme les autres[1]. »

Pithou, marié, devint bailli de Tonnerre, puis substitut du Procureur général à Paris, et enfin, en 1581, Procureur général de la Chambre souveraine instituée en Guyenne. Resté à Paris pendant le règne de la Ligue et la tyrannie des Seize, il se retira du Palais dès que l’arrestation des membres du Parlement lui eut prouvé que la justice même n’était plus respectée. C’est alors, pendant cette retraite volontaire, qu’il dut se rapprocher de son compatriote Passerat qu’il avait pu rencontrer

  1. Voir la Satyre, p. 202.