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rendit la Bastille, par faute de bon appareil [1]. Il ne luy restoit plus que le Louvre ; le Palais estoit à luy : ce n’estoit rien faict s’il ne tenoit le Maistre, lequel avoit une porte de derriere pour se retirer. Ce fut pourquoy, pied à pied, on avança les barricades pour gagner la Porte Neufve et celle de Sainct-llonoré. Mais le pauvre Prince, bien adverty de ce qu’on deliberoit faire et qu’on n’en vouloit qu’à luy, ne s’osant fier en sa mere, ni au gouverneur de Paris[2] qui estoit lors, qui l’entretenoient de parlements et d’accord, prit une resolution courageuse et approuvée de beaucoup de gens de bien, qui fut de s’enfuir et quitter tout. De quoy vostre frere se trouva bien estonné, voyant que la proye qu’il pensoit tenir en ses lacs lui estoit eschappée.

0 feste memorable des Barricades, que tes feries et tes octaves sont longues[3] ! Depuis ce temps-là, qu’avons-nous eu que malheur et pauvreté, qu’angoisses, peurs, tremeurs, alarmes, deffiances, et toutes sortes

  1. après de Thou, ce fut par lâcheté ou trahison que Laurent Testu, gouverneur de la Bastille, rendit cette forteresse au duc de Guise, deux jours après la journée des Barricades.
  2. gouverneur de Paris alors en charge était de Villequier.
  3. Aux États de Blois de 1588, un député du clergé avait qualifié la journée des Barricades « heureuse et sainte journée des Tabernacles. » Jusqu’à l’entrée de Henri IV dans Paris, les ligueurs solennisèrcnt l’anniversaire de cette journée.