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sensible pour un savant comme lui, celle de sa biblothèque qui avait été pillée.

Ces dangers, ces revers n’ébranlèrent pas sa constance, ne diminuèrent pas son attachement à la France, à la royauté. Le désir du bien et de la conservation de sa patrie l’enflammait outre mesure, a dit de Thou[1]. L’idée de Patrie était alors inséparable de celle de Royauté. Pithou résista aux théories démagogiques de ses coreligionnaires ; et l’on peut croire même que leurs tendances, leurs excès dans cette voie ouvrirent les yeux de cet homme de sens et de raison, de ce grand homme de bien, comme on l’appelait, et ne furent pas étrangères à la résolution qu’il prit d’abjurer le calvinisme.

C’est en 1573 qu’il accomplit cet acte, librement et par conviction. Simon Vigor, curé de l’église Saint-Paul à Paris, reçut son abjuration. Personne, même parmi ses adversaires et ses anciens coreligionnaires, ne mit en doute la sincérité de sa conversion, tellement sa probité, l’honorabilité de son caractère, étaient connues de tous. On peut, avec beaucoup de vraisemblance, supposer que ce royaliste convaincu, ce patriote auquel ses profondes études avaient prouvé qu’une nation ne peut rester grande et subsister que sous une direction unique, qu’une multitude d’hommes a besoin de sentir une main qui la dirige, recula quand, sous l’apparence d’une religion nouvelle, il découvrit des tendances politiques entièrement contraires à ses opinions, à ce que la philosophie lui avait appris être le vrai. Ce n’était pas seulement une religion

  1. Hist. ,liv. CXVII, § IX.