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posant à leur passage de Loire[1], y avoient apporté les plus grands effects. Cela veritablement vous acquit un grand honneur et faveur envers les Parisiens, dont la pluspart ne sçavoient pas encore à quoy vous tendiez ; mais ceux qui participoient à vos secrets, et qui lors prirent le nom de Catholiques Zelez, faisoient deja ung Dieu de vostre frere, l’invoquoient en leurs afflictions, et avoient recours à luy quand on les menaçoit du Roy et de la justice ; dont il fut rendu si orgueilleux et temeraire qu’il osa venir en ceste ville avec huict chevaux[2], contre les deffenses tres-expresses que le Roy luy en avoit faictes ; encore qu’on sçache bien qu’il avoit assigné cinq ou six cents hommes de cheval, qui se rendirent à mesme jour prés de luy. Le Pape Sixte cinquiesme sceut bien dire quelle peine cela meritoit, quand il en sceut la nouvelle[3] ; et n’eust pas failly de le faire, si telle chose luy fust advenue. Mais la bonne mere et ses

  1. Variante : « Seine. »
  2. L’entrée du due Henri de Cuise à Paris, le 12 ' mai 1588, jour des Barricades.
  3. Ce pape, en apprenant cette action du due, s’écria : « 0 le grand fou ! de s’être ainsi livré témérairement entre les mains d’un prince irrité ! » Mais quand il sut que Henri III ne l’avait pas fait arrêter, il dit : « Que voilà un grand sot et un grand bénét de prince, qui ayant une si belle occasion d’arrêter un ennemi né pour être son fléau et sa ruine, ne l’a point fait ! »