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manifeste, du conseil de Rosne[1], qui, pour tout brouiller, dit qu’il ne falloit que mettre la Religion en avant. Et alors vous nous preschates d’ung Synode à Montauban et d’une Diete en Allemagne2, où disiez que tous les Huguenots du monde avoient comploté de se saisir du Royaume de France et en chasser tous les prestres. Aucuns vous crurent ; et quant à moy, qui ne suis pas des plus rusez, j’en eu quelque opinion, et me joigny de ce party pour la crainte que j’ay tousjours eue de perdre ma religion. Beaucoup de bonnes gens ont faict comme moy, qui ne s’en sont pas mieux trouvez. Les autres qui ne demandoient que nouveaux remuements, firent semblant de le croire ; plusieurs saffraniers, endebtez, criminels, contumacez, vous suyvirent comme gens qui avoient besoin de la guerre civile. Ayant ainsi joué vostre partie et receu force doublons d’Espagne, vous vous mistes aux champs3 avec une belle armée. Quelques-uns disent que cela ne se fit pas sans le sceu et consentement de la Royne-mere, qui aymoit les troubles pour se rendre necessaire et estre employée à faire le hola, à quoy elle estoit propre. Mais, toute Italienne

  1. De Rosne était maréchal de France pour la Ligue. 2. L’assemblée de Montauban, en septembre 1584 ; la Diète de Magdebourg, en Saxe, le 15 décembre 1584. 5. Variante : « en campagne. »