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ques, le Consistoire de Rome vous hocher la bride, et le Roy d’Espagne vous donner l’esperon. Vous n’aviez plus que feu Monsieur, qui estoit un mauvais songecreux [1] et qui sçavoit bien de quel bois vous vous chauffiez [2]. Il se falloit defaire de luy, et le testament de Salcede [3] nous en a descouvert les moyens ; mais, la force n’ayant succedé, le poison fit la besogne. Tous vos serviteurs predisoient ceste mort plus de trois mois devant qu’elle fust advenue. Alors vous ne fistes plus la petite bouche pour dissimuler vostre intention ; vous n’allastes plus connillant [4] ni à cachette ; vous vous declarastes tout à bon [5].

  1. D’après Sully, Henri IV aurait eu une fort mauvaise opinion du caractère du duc d’Anjou.
  2. On dit que le duc d’Anjou avait juré de venger sur les Guise la mort de son ami l’amiral de Coligny.
  3. Nicolas de Salcède, accusé d’une conjuration contre la vie du duc d’Alençon, et même du roi, accusa de complicité la maison de Lorraine. Mais il rétracta ses aveux au moment de mourir. Il fut écartelé en Grève, le 26 oct. 1582.
  4. En faisant des détours comme les connils ou lapins.
  5. Addition : « Et me souvient que feu M. le cardinal de Guise vostre frère, allant donner de l’eau béniste au corps de feu Monsieur frère du feu Roy, accompagné de feu M. le cardinal de Bourbon, ne se peut tenir de monstrer tant de réjouissance que chacun s’appercevoit de ses risées, et des mocqueries qu’il faisoit au corps et à la religion, et au bonhomme vivant, qu’il feignoit tant de vouloir servir et honorer ; et luy eschappa ce mot qui fut oüy de plusieurs : En ont-ils, maintenant ? Cette mort donc vous haussa le cœur, et vous fit mettre aux champs à bannières desployées. »