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Troyes, il se décida à embrasser la carrière du barreau, et pendant cinq années il suivit à Bourges le cours de droit de Cujas. L’illustre professeur le remarqua, et il s’établit entre eux des relations d’amitié, dont Cujas donna une preuve éclatante à son disciple, en l’autorisant à lui faire dans une thèse des adieux publics, lorsque Pithou quitta l’école. Plus tard il envoyait à son ancien élève un souvenir qui est en même temps une glorieuse attestation de l’estime qu’il faisait de la science de Pierre Pithou et de son frère François, lorsqu’il écrivait : « Quand je considère la gloire que Pierre et François Pithou se sont acquise, tant par leur science que par leur courage, et que je me rappelle celle qu’a également obtenue en tout genre de littérature leur père, qui était digne de tels fils, je demeure persuadé que cette famille était un séminaire de grands hommes[1] ».

En 1560, à l’âge de vingt et un ans, Pierre Pithou fut reçu avocat au Parlement de Paris. Mais quelques années après (1567) il quittait la France, où ses opinions religieuses entachées des idées nouvelles le mettaient en danger, et se réfugiait à Bâle. En 1570 il rentrait à Paris, sur la foi de l’Édit de pacification publié par le roi Charles IX le 11 août. Il revenait trop tôt. C’est à grand peine qu’il échappa au massacre de la Saint-Barthélémy, fuyant en chemise par une lucarne, et gagnant sur les toits des maisons voisines l’abri que lui offrait un ami dévoué. Longtemps il dut se cacher ; il faisait une perte

  1. Épitre dédicatoire du Code Théodosien.