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l’un[1] à vostre cordelle, qui ne s’en trouva pas mieux. Vous employastes toute vostre industrie à rendre le pauvre Prince odieux à son peuple, luy conseilliez de surhausser les tailles, d’inventer de nouveaux imposts, créer nouveaux offices, desquels vous-mesmes profitiez : car on maintinst à monsieur vostre frere à Chartres, aprés les Barricades, qu’il avoit receu l’argent du party de trois Edicts bureaux fort pernicieux, dont toutesfois vous rejettiez la hayne sur ce pauvre Roy, lequel vous faisiez amuser à des devotions ridicules, cependant que vous briguiez la bonne grace de son peuple, et contre son gré preniez la charge et conduicte des grandes armées, attirant à vous les chefs et capitaines de guerre, et courtisant jusqu’aux simples soldats pour les gaigner ; pratiquant les villes, achetant les gouvernements, et mettant aux meilleures places des gouverneurs et gens à vostre devotion. Et ce fut lors que vous conceustes tout à faict la Royauté, comme l’appetit vient en mangeant, quand vous veistes le Roy Henry sans esperance de lignée, les premiers Princes tenuz pour Heretiques ou fauteurs d’Hereti-

  1. Anne, duc de Joyeuse, favori de Henri III, portait ombrage aux Guise, qui lui firent donner un commandement dans l’armée du roi pour l’éloigner. Ce commandement tourna mal pour lui, car il fut tué à la bataille de Coutras, en 1587.