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que la trace des scrupules de conscience qui lui firent détruire sept ans plus tard le travail qu’il avait consacré à son auteur de prédilection. Énumérant les satyriques, il dit : « et, de notre temps, le bon Rabelais, qui a passé tous les autres en rencontres et belles robineries, si on veut en retrancher les quolibets de taverne et les saletez de cabaret[1] ». Assurément il n’y a pas certitude pour attribuer à Passerat le Discours de l’Imprimeur, mais il y a probabilité et présomption morale. En tout cas ce jugement contemporain sur l’œuvre de Rabelais était intéressant à noter.

L’autre Champenois qui prit une large part à la rédaction de la Satyre Ménippée, était aussi de Troyes. Pierre Pithou naquit le 1er novembre 1539, du second mariage de Pierre Pithou, avocat distingué, grand amateur des lettres, et qui laissa après lui une bibliothèque importante et choisie. Attaché aux doctrines de la religion nouvelle, — bien qu’à sa mort il ait été enterré dans l’église des Cordeliers suivant les rites catholiques, — l’avocat éleva son fils Pierre dans les principes du protestantisme. En même temps il s’occupait lui-même de son instruction littéraire, lui inculquant, dès sa première jeunesse, les éléments du latin, du grec et même de l’hébreu. Ainsi préparé à des études approfondies par son père, et par les cours du collège de Troyes, qu’il suivit quelque temps, il partit pour Paris comme son compatriote Passerat, et acheva ses études au collège de Boncourt, sous le célèbre professeur Turnèbe. Puis de retour à

  1. Voir la Satyre, p. 331.