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qui, durant ces premieres dissensions estoit aux escoutes à qui il offriroit sa faveur, et attisoit le feu d’une part et d’autre pour le faire croistre en la force et grandeur que nous l’avons veu et voyons encore maintenant, ardre et consommer toute la France, qui est le but final de ses pretentions. Sur l’esperance donc du support d’un grand Prince, qui n’espargnoit de promettre argent et hommes, vostre pere, sans s’estonner d’une si lourde cheute, voyant le Roy de Navarre remis en son rang de premier Prince du sang, pour la tutelle du petit Roy Charles, et monsieur le Connestable remis en sa charge, sceut si dextrement jouer son rollet qu’il les pratiqua tous deux et tira à sa cordelle[1], contre leurs propres freres et leurs propres neveux ; repaissant l’un d’une esperance que je n’ose dire[2], et amadouant l’autre par submissions et honneurs qu’il luy deferoit. Si bien que, reprenant encore ses erres delaissées et son ancien advantage aprés que monsieur le Prince de Condé fut eslargy, qui l’avoit failly belle de deux ou trois jours seulement, il alla, avec nombre de gens de guerre et en grosse troupe, se saisir du petit Roy et de la Royne sa mere à Fontainebleau,

  1. A son piège.
  2. D’épouser Marie Stuart, veuve du roi François II.