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cavalerie legere. Il n’estoit encore lors mention de Religion ny de Huguenots ; à peine sçavoit-on quelle estoit la doctrine de Calvin et de Luther, sinon au. supplice de ceux qu’on voyoit brusler opiniastres : et neantmoins, la matiere des guerres et des inimitiez que nous avons veues se preparoit deslors et a duré jusques à present. Mais la verité est que, quand messieurs de Chastillon, hommes courageux et mal endurants, veirent que la faveur de vostre maison l’emportoit sur la leur, et qu’il n’y avoit moyen de trouver credit auprés du Roy pour les obstacles que les vostres leur donnoient, ils furent conseillez de se retirer de la Cour, et en leur retraicte (fust-ce à bon escient, fust-ce par ruse et prudence) se monstrerent favoriser les nouveaux Lutheriens, qui ne preschoient encore que dans les caves ; et peu à peu se joignirent de faction et d’intelligence avec eux, plus pour se deffendre et garantir de vostre pere et de vostre oncle que pour attenter aucun remuement de nouveauté ; sinon lorsque le Roy, à la suscitation de vostre oncle qui luy en avoit faict escrire par le Pape, prit luy-mesme monsieur d’Andelot à Crecy[1] et l’envoya prisonnier à Melun.

  1. François de Coligny, seigneur d’Andelot, frère de l’amiral de Châtillon, arrêté à Monceaux en Brie, et non à Crécy, par ordre de Henri II, à la suite de propos hérétiques tenus contre la messe.