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adviser ! Tu n’as peu supporter une legere augmentation de tailles et d’offices, et quelques nouveaux edicts qui ne t’importoient nullement, et tu endures qu’on pille tes maisons, qu’on te rançonne jusques au sang, qu’on emprisonne tes Senateurs, qu’on chasse et bannisse tes bons citoyens et conseillers, qu’on pende, qu’on massacre tes principaux magistrats ! Tu le vois, et tu l’endures ! Tu ne l’endures pas seulement, mais tu l’approuves, et le loues, et n’oserois et ne sçaurois faire autrement ! Tu n’as peu supporter ton Roy, si debonnaire, si facile, si familier, qui s’estoit rendu comme concitoyen et bourgeois de ta Ville qu’il a enrichie, qu’il a embellie de somptueux bastiments, accreue de forts et superbes remparts, ornée de previleges et exemptions honorables ! Que dis-je, peu supporter ? c’est bien pis : tu l’as chassé de sa Ville, de sa maison, de son lict ! Quoy chassé ? lu l’as poursuivy ! Quoi poursuivy ? Tu l’as assassiné, canonizé l’assacinateur, et faict des feux de joye de sa mort ! Et tu vois maintenant combien ceste mort t’a prouffité, car elle est cause qu’un autre est monté en sa place, bien plus vigilant, bien plus laborieux, bien plus guerrier, et qui sçaura bien te serrer de plus prés, comme tu as, à ton dam, deja experimenté. Je vous prie, Messieurs, s’il est permis de jetter