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siens en ont dans les bottes bien avant, et sera prou difficile de les desbourber. Il est desormais temps de nous appercevoir que le faux Catholicon d’Espagne est une drogue qui prend les gens par le nez ; et ce n’est pas sans cause que les autres nations nous appellent Caillettes, puisque, comme pauvres cailles coiffées et trop crédules, les Predicateurs et Sorbonistes, par leurs caillets [1] enchanteurs, nous ont faict donner dans les rets des tyrans, et nous ont par aprés mis en cage, renfermez dedans nos murailles pour apprendre à chanter. Il faut confesser que nous sommes pris à ce coup, plus serfs et plus esclaves que les Chrestiens en Turquie, et les Juifs en Avignon. Nous n’avons plus de volonté, ni de voix au chapitre. Nous n’avons plus rien de propre, que nous puissions dire : Cela est mien. Tout est à vous, Messieurs, qui nous tenez le pied sur la gorge, et qui remplissez nos maisons de garnisons. Nos privileges et franchises anciennes sont à vau-l’eau [2] ; nostre Hostel-de-Ville, que j’ay veu estre l’asseuré refuge du secours des Roys en leurs urgentes affaires,

ces Charles le preux ; comme s’il eust voulu désigner le duc de Maienne. » (Mém. de P. de l’Estoile. )
  1. Allusion à Guillaume Caillet, chef de la Jacquerie en 1358.
  2. L'auteur fait allusion aux édits de Blois et de Châtelleraut, en février et mai 1589.