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Et alors se leva le sieur d’Aubray, qui avoit charge de parler pour le Tiers-Estat, et contesta qu’il n’appartenoit qu’à luy de parler des ce jour-là de Barricades[1], et qu’on n’avoit point accoustumé en France, de faire plus de trois Estats, et empeschoit que le deputé de la nouvelle Noblesse fust ouy, comme n’estant qu’une dependance et un membre dudit Tiers-Estat. Ledit sieur d’Angoulevent disputa long temps de sa part, disant que chacun estoit là pour son argent, et recommença plusieurs fois ces trois mots : Monsieur, le douziesme…, et à chaque fois fust interrompu. A la fin, comme la rumeur croissoit, et desjà s’eschauffoient les factions pour l’un et pour l’autre jusques à en venir aux coups de poing, l’avocat Dorleans remonstra qu’il n’estoit plus temps de s’arrester aux anciennes coustumes, ni à toutes ces ceremonies du temps passé, sinon au faict de la Religion, et que l’Assemblée desdits Estats seroit inutile si on n’y faisoit toutes choses de quelque nouvelle façon ; et, quant à luy, qu’il avoit veu les memoires de la Noblesse nouvelle, lesquels meritoient bien estre considerez. Toutesfois, attendu qu’il estoit tard, et que Monsieur le Lieutenant estoit[2]

  1. Le 12 mai est la date de la journée des Barricades.
  2. Addit. « par avanture. »