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de la part des honnestes hommes et maistres de l’Union, de remonstrer quelque chose d’importance touchant leur qualité, et qu’il estoit raisonnable qu’il fust ouy avant le Tiers-Estat, qui n’estoit composé que de manants ; requerant Monsieur le Lieutenant de luy faire donner audience, et interpellant les gens du Roy de l’Union, mesmement l’avocat-general Dorleans qui avoit autrefois escrit en faveur de ladite Noblesse, d’adherer à son requisitoire. Et, ce disant, monta tout debout sur le bancq où il etoit assis, et commença à dire : Monsieur, le douziesme[1]

Mais soudain il fut interrompu par ung grand bruit de paysants, qui estoient derriere les deputez. Lequel estant un peu cessé, commença de rechef : Monsieur, le douziesme

Et incontinent le bruit se leva plus grand que devant. Neantmoins ne laissa pour la troisiesme fois de dire : Monsieur, le douziesme de may

  1. Tout le passage qui suit, et ce membre de phrase plusieurs fois répété, sont imités d’une anecdote du temps. Le sieur d’Amours, conseiller au Parlement, fut député par ses collègues de Paris pour aller à Étampes saluer les membres du Parlement qui revenaient de Tours. Il commença sa harangue en présence du seul premier Président de Harlay, par ces mots : Monsieur, le douzième. Interrompu par l’entrée successive des autres présidents, il reprenait sa phrase pour chacun d’eux, jusqu’au moment où le dernier étant entré, il put la compléter : Monsieur, le douzième de mai, et débiter tout son discours.